L’Osmie de printemps

Osmie cornue sur un nichoir à insectes
Osmie cornue © LPO Normandie

Pollinisateurs majeurs, plus de 1 000 espèces d’abeilles sauvages, en général solitaires, sont recensées en France. Les osmies en font partie avec plus de 35 espèces. Parmi elles, l’Osmie cornue (Osmia cornuta), « habillée de velours noir sur la tête et la poitrine et de velours roux sur le ventre » (J. H. Fabre), est l’un des premiers pollinisateurs à annoncer le printemps. Les mâles sont reconnaissables à la touffe de poils blancs sur la tête et leurs antennes sont plus longues. Ces abeilles sont inoffensives car dépourvues de dard.

Les osmies ont une vie active de mars à juin pendant laquelle elles s’occupent à se nourrir, s’accoupler et pondre. L’Osmie cornue utilise des galeries existantes de 6-10 mm de diamètre, forées par d’autres abeilles solitaires comme l’Anthophore ou le Chalicodome. La galerie est divisée en cellules, séparées par des cloisons. L’entrée principale est massivement obstruée par de la terre détrempée.

Ce mastic simplement fait de boue se ramollit à la première pluie, l’Osmie prend donc soin d’installer son logement dans un support horizontal, à l’abri de la pluie, dès qu’il offre les « conditions requises de diamètre, de solidité, d’hygiène et d’obscurité paisible. » Pour nourrir la future larve, l’Osmie dépose du pollen et dégorge un peu de miel, qui se mêle au pollen et forme une pâte ferme sur laquelle un œuf est déposé.

« Au fond de la galerie un amas de miel est déposé, et sur cet amas un œuf est pondu ; puis une cloison est construite pour séparer cette loge des suivantes, car chaque larve doit avoir sa chambre spéciale. »

(J. H. Fabre – Souvenirs entomologiques)
Osmie cornue sur un nichoir à insectes en train de finir la fermeture d'une tige de bambou
© LPO Normandie

Les cellules des femelles sont les plus grandes, avec davantage de nourriture, et les plus éloignées de l’extérieur. Les mâles sont donc les plus proches et les premiers à sortir du logement. Comme les femelles doivent attendre que les loges qui les devancent soient vides pour s’y glisser et gagner la sortie, leurs provisions sont plus volumineuses. Les œufs éclosent vers le mois de mai-juin. La croissance et la métamorphose (larve, nymphe, imago) de la génération suivante se poursuit au cours de l’été pour émerger au printemps suivant.

Dès la mi-mars, les mâles sont les premiers à sortir.

« Assidûment ils volent d’un tube à l’autre, ils mettent la tête à l’orifice pour s’informer si quelque femelle se décide enfin à sortir. »

(J. H. Fabre – Souvenirs entomologiques)
Osmie cornue sur un nichoir à insectes
Osmie cornue sur un nichoir à insectes © LPO Normandie

Les osmies sont impactées par les pesticides des zones d’agriculture intensive. Pour aider ces insectes indispensables à la pollinisation des fleurs et complémentaires des abeilles domestiques (Apis mellifera), on peut installer des nichoirs fabriqués à partir des tiges de bambous, roseau, ombellifères (longueur entre 12 et 20 cm) qu’on peut placer dans une boite de conserve vide, à l’horizontale, pour une meilleure protection. Un bloc de bois percé de trous de diamètres variés (6 à 10 mm) fait aussi l’affaire.

nichoir à abeilles solitaires fait de tiges de bambous protégés par une boite de conserve
© LPO Normandie